Il ne manquait plus qu'elle... [ Dayna ]

Vivre seul est un inconvénient non négligeable, non seulement pour le moral d'un individu, mais aussi pour sa sécurité. Toutefois, un homme ayant une femme sous " sa responsabilité " se montre moins prudent qu'il ne devrait l'être...
Aidan avait accompagné Faith jusqu'aux galeries dans lesquelles elle souhaitait s'installer, et il veillait à ce qu'elle ne manque de rien, car sa blessure la rendait plus vulnérable qu'elle l'était à l'accoutumée. Toutefois, demeurer enfermé sous terre le rendait fou : Il avait besoin de sortir, de sentir le vent balayer son visage, de respirer, tout simplement.
Aussi, dès qu'il en avait l'occasion, il prétextait un raid alimentaire pour filer, et passer quelques heures à la surface.
Toutefois, sa dernière sortie avait bien faillit lui être fatale...
Alors qu'il venait de piller un magasin, il prenait le chemin du retour, quand sa route avait croisé celle d'un policier qu'il ne connaissait que trop bien : C'était lui qui avait tenté de le retenir alors qu'il s'enfuyait de l'hôpital qui le retenait prisonnier quelques années auparavant, ce garde qui avait perdu un bras en l'effrayant.
Comme vous vous en doutez sûrement, l'agent lui en voulait toujours, et il n'avait pas manqué cette belle occasion de lui donner la chasse...

La traque avait duré trois jours. Trois longs jours durant lesquels le jeune homme n'avait pu s'arrêter que pour souffler durant quelques courts instants, et avaler un peu de liquide, nécessaire à sa survie.
Il aurait pu tenter de regagner la cachette qu'il occupait depuis peu avec sa camarade mutante, mais il était tout bonnement hors de question pour lui de risquer de la mettre en danger.
Aussi, il s'en était éloigné le plus possible. Durant ces dizaines d'heures, qui lui avaient parues interminables, il aurait vraiment pu être comparé à un animal : On cherchait à l'épuiser, à l'amener à dépenser ses dernières forces, avant de lui donner le coup de grâce...
Mais il ne se rendrait pas. Jamais.

Au crépuscule du quatrième jour, pensant avoir semé ses poursuivants, le métamorphe s'était effondré dans une impasse, le souffle court.
Il était épuisé : des cernes soulignaient ses beaux yeux bleus, qui se fermaient sans qu'il le veuille.
Il ne devait pas dormir. Il ne pouvait pas se le permettre. S'il se laissait aller, on le rattraperait, et sa liberté serait perdue, pour toujours.
Le problème, c'est qu'il ne se sentait absolument pas en état de continuer à courir...

Le commissariat de police était bondé. Si New York était réputée pour être une ville qui ne dormait jamais, ses habitants étaient de véritable noctambules. Il était environ onze heure du soir quand Dayna Evenson poussa les grandes portes vitrées du poste de Police. Si l’on oubliait l’ambiance agitée qui y régnait le contraste avec l’extérieur résidait dans l’air. A peine avait-elle prit sa première inspiration qu’un mélange âcre et nauséabond de sueur et de café froid vint lui perturber l’odorat. Les loco de police n’étaient pas réputée pour être aussi clean qu’un hôpital, mais le médecin estimait que la situation devenait de plus en plus dérangeante.
Tentant d’oublier la gène occasionnée par l’hygiène des lieux, la légiste se dirigea vers le bureau de Van Ritten avec qui elle avait rendes-vous. La jeune femme connaissait les lieux comme sa poche. Le plus difficile n’était donc pas de trouver le bureau mais plutôt d’y accéder. Entre les arrestations, les policiers en pause et les différents civils qui pullulaient dans le hall, circuler était devenu une véritable bataille.

Evenson: « Excusez moi ! Pardon…désolée. Laissez moi passer s’il vous plait »

Comme une contorsionniste, la new-yorkaise se déplaçait entre les gens en essayant d’avoir le moins de contact possible. Avec la mutation, on ne savait plus vraiment à qui ou à quoi nous nous frottions. Les mutants étaient dans tous les esprits. Si le maire de la ville tentais vainement de minimiser les faits, tous étaient conscient de la maladie qui circulait dans les rues. Les journalistes se faisaient un plaisir de descendre en flèches les politiques et ces derniers se avaient pour missions de détruire tout ce qui avait un rapport avec les mutants. La confusion était partout et l’organisation douteuse de la ville était la cause de nombreux problèmes. Pas étonnant que le commissariat soit plein: les civils prenaient un malin plaisir à s’accuser mutuellement d’être des mutants et les délits mineurs étaient en augmentation.

Evenson: « Je viens voir le commissaire Van Ritten »

Policier: « Vous avez une carte ? »

Evenson « La voilà. »

Avec un petit sourire aux lèvres, elle lui mit sous le nez. Le jeune flic ne devait avoir plus de 25 ans. Ses cheveux blonds étaient coupés à ras et lui donnait un air de sévère et sa petite fossette au menton avait au contraire un effet plus enfantin. Le jeune homme qui a son insigne semblait s’appeler Joseph, souriait à la légiste de toutes ses dents. Elle eut beaucoup de mal à retenir son sérieux.

)Policier: « Parfait ! Vous pouvez y aller Mademoiselle ? »

Dayna: « Evenson et c’est madame »

La mine déconfite de jeune homme eut raison du sérieux de la légiste. Essayant de retrouver son calme, elle se dirigea, tête basse, vers le bureau du chef de la police scientifique. Dans le long couloir sombre, elle retrouvait enfin un peu d’air frais. Devant la porte, Evenson frappa et ouvrit. L’intérieur était aussi sombre que le propriétaire. Très peu de photo sur les murs et presque aucune couleur, le bureau de Michael Van Ritten était aussi joyeux que la réception d’un office des pompes funèbres. Se passant de commentaire, la jeune femme s’approcha du bureau. Van Ritten était occupé sur son ordinateur un cigare à la main. Avec ses cheveux poivre sel et son costume sombre, Dayna avait l’impression d’avoir devant elle un patron de la mafia sicilienne. Elle n’aimait pas plus que ça cet homme autoritaire et rustre. Mais il était ami avec son mari et donc elle se devait au moins d’être polie.

Van Ritten : « Vous vouliez me parler »

Pendant qu’il parlait, il n’avait même pas eu l’obligeance de lever les yeux vers la légiste.

* Charmant*[b]

Evenson: « Je vois de plus en plus de mutants dans ma morgue. Et ceux-ci sont criblés de balle provenant d’arme de la police. Je ne suis pas favorable aux mutants mais je ne fais pas ce métier pour enfouir les bourdes de VOS officiers. »

Elle avait insisté sur le possessif. Depuis quelques temps, la légiste avait été confronté à plusieurs mutants qui avaient pris un malin plaisir à reporter leurs ennuis avec la police sur elle. Si elle collaborait avec les hommes du commissaire , elle n’était pas de leurs pour autant. La police faisait déjà assez de dégâts sans qu’elle n’est besoin d’être assimilée à eux. Visiblement son petit discours avait eu un effet sur l’ombrageux flic. Celui posa son cigare contre un cendrier d’argent et la fixa de ses yeux clairs.

[b]Van Ritten: « Les bourdes de mes officiers ? Eh bien , lorsque j’aurai besoin d’une légiste de seconde zone dépressive. Sans moi vous serez encore dans votre labo en train de pleurer sur le cadavre de votre fils. Et je vous signale que… »

Il fut coupé dans son élan par la sonnerie du téléphone. D’un geste énervé il appuya sur un bouton et une voix masculine emplit la pièce.

Voix: « Je n’ai pas réussi à avoir le mutant. Il s’est transformé en lion et je crois que j’ai perdu sa trace. Je suis à Brooklyn, il me faudrait des renforts. »[b]

Transformé en lion, l’expression fit un tour dans l’esprit de la légiste. Elle ne connaissait pas énormément de mutant mais elle se doutait qu’un tel pouvoir ne courrait pas les rues. Le mutant dont parlait l’officier du téléphone ne pouvait être qu’Aidan Coltrane. Après leur rencontre, Evenson avait parcourut son dossier. Il ne faisait pas parti de la bande d’O ‘Brien mais cela ne l’empêchait pas de mener la vie dure aux forces de l’ordre. Il était recherché pour de nombreux délits plus ou moins graves.
Une idée en tête, Dayna reprit la parole.

[b]Dayna: « Je suppose que c’est mon futur locataire ? Si vous pouvez avoir l’obligeance de ne pas me l’amocher pendant qu’il est en animal ça m’arrangerai. Je suis légiste pas veto ! Au revoir commissaire ! »

Sur ce la femme s’en alla. Du bout des doigts elle caressa les clefs de sa voiture. Elle avait l’intention de rentrer chez elle, de décrocher le téléphone et de se passer un vieil épisode de sa série TV préférée. En arrivant dans le hall, elle ne fit pas attention aux odeurs et aux personnes présentes. Dans son état d’énervement extrême, elle ne se sentait pas d’humeur à s’excuser. Ignorant le protestation de ceux qu’elle bousculait, Dayna sortit sur le parking.
Alors qu’elle rentrait dans sa voiture et mettait le contact, une idée saugrenue lui vient à l’esprit.

* Nan nan, Van Ritten va te tuer et tu vas finir au chômage. Eh puis merde !*

Oubliant son salon et sa série TV, elle quitta le commissariat et prit la direction de Brooklyn. En tant normal, elle aurait laissé l’affaire et se serrait contentée de réceptionner le cadavre. Mais sa discussion avec Van Ritten l’avait plus que contrariée. L’allusion au décès de son fils avait été la goutte d’eau qui avait fait déborder le vase. De plus elle connaissait le mutant en question.
Brooklyn était différent de Manhattan. Dans ces quartiers l’ambiance était plus sombres moins fastueuse. La rivalité entre les deux circonscriptions étaient déjà présente avant la mutation. Mais l’arrivée de la mutation l’avait accentué. En effet, les services avaient concentré leurs effectifs donnant aux habitants l’impression d’être délaissés voir oubliés.
Cela faisait presque dix minutes qu’elle circulait au hasard dans les rues sans trouver de trace du mutant. Bien sûr, la légiste se doutait que le métamorphe n’allait pas se laisser attraper comme ça, mais elle avait espéré que son état le pousserait à rechercher de l’aide. Alors que le crépuscule pointa le bout de son nez, elle le vit enfin. Garant sa voiture à une dizaine de mètre, elle prit conscience que sa décision était pure folie.

Aidan savait que s'il ne bougeait pas de sa " cachette " improvisée, les flics ne tarderaient pas à le trouver : Ils fouilleraient chaque recoin, chaque ruelle, mais ils finiraient par lui mettre la main dessus...
Le gardien qui avait perdu un bras par sa faute lui vouait une haine tenace, que le temps n'avait fait qu'accentuer. Il y avait fort à parier qu'il ne lui pardonnerait jamais d'avoir fait usage de son pouvoir pour se défendre, même s'il n'était alors qu'un adolescent de treize ans effrayé, qui cherchait à sauver sa vie.

Car ces gens là ne réfléchissaient pas comme vous, chers lecteurs : Pour eux, les détenteurs de dons n'étaient rien de plus que des monstres, des menaces à éradiquer au plus vite, pour le bien du plus grand nombre. Et si ces gens étaient des enfants, ou de très jeunes individus, eh bien... tant pis pour eux. Ils ne constituaient que des proies plus faciles...
Le premier essai qu'il avait fait pour se relever s'était soldé par un échec : à peine s'était-il redressé qu'il avait été prit de nausées, et qu'il manquait de s'effondrer à nouveau, par manque de sommeil.

Toutefois, il n'avait pas l'intention d'abandonner. Son existence, et optionnellement, celle de plusieurs dizaines d'autres personnes étaient en jeu.
En attendant de retrouver ses esprits, il s'était dissimulé du mieux qu'il avait pu derrière un tas de poubelles et de cartons, dérangeant au passage un vieux chat de gouttière qui y avait élu domicile.

* Désolé vieux, mais c'est un cas de force majeure... *

Immobile, et aussi silencieux que sa respiration saccadée le lui permettait, il s'était appuyé contre un mur froid, avant de lutter contre la fatigue qui, comme une main invisible, poussait ses paupières à vouloir se fermer sans cesse.
S'il se remettait à courir maintenant, il pourrait peut-être parcourir quelques centaines de mètres, mais les agents le coinceraient sans mal. Ils avaient des véhicules, et la chance de pouvoir se restaurer, lui non. Et c'était sans parler de leur état physique...
Cependant, il ne pouvait pas se permettre de rester terré dans cette impasse. Dans tous les cas, l'issue semblait être la même.
Les sirènes des voitures étaient encore lointaines, mais Van Ritten devait avoir envoyé du renfort.

Combien de temps lui restait-il ?
Il l'ignorait, et cela aurait eu de quoi angoisser le plus courageux des Hommes.
Un bruit. On approchait.
Il avait trop attendu. Cette fois, il était cuit. Maudissant chaque parcelle de son corps, le métamorphe avait tendu le bras pour attraper une vieille bouteille de verre, qu'il avait brisée, afin d'en récupérer un tesson coupant. Quitte à être prit, autant ne pas l'être vivant...
Par malchance, il n'avait pas pu se procurer de poison à temps. Tant pis, cela rendrait simplement les choses un peu plus difficiles. Mais après tout, le suicide n'est pas une décision que l'on prend à la légère.

Une voiture s'était arrêtée à environ dix mètres de l'endroit où il se trouvait. Plus de doute, il avait bien été repéré.
Il lui faudrait faire vite : Si un projectile de Tazer atteignait sa peau, il serait dans l'incapacité de produire le moindre mouvement, et ses poursuivants auraient tout le loisir de le ligoter tranquillement. Pressant la face coupante de sa lame improvisée contre sa gorge, il avait eu une pensée pour Faith. Faith... il n'aurait jamais pensé que l'image d'une personne pourrait être aussi présente dans son esprit au crépuscule de sa vie. Que deviendrait-elle ? Tenterait-elle de le retrouver ? Replongerait-elle dans la déprime à cause de sa récente rupture ? Dans ce cas, elle le rejoindrait rapidement, ce qu'il ne souhaitait pour rien au monde...

Le moment n'était pas propice à la réflexion. Aussi, et s'il n'avait pas sentit une odeur aussi étrangement familière, Aidan aurait appuyé sur son " arme " de fortune, et l'aventure se serait arrêtée là.
Mais lorsque son regard avait croisé celui de la légiste qui l'avait laissé s'enfuir quelques semaines auparavant, il n'avait pas manqué d'afficher sa surprise : Encore elle ?

- Vous ?

Ce mot lui avait échappé. Quelle ironie du sort que ce soit cette femme qui le retrouve !

«　-Vous ?　»

*Maintenant que je suis là*

«　- Eh bien. Vous cherchez les ennuis. Dans quelques minutes les hommes de Van Ritten vont débarquer et vous finirez dans un de mes frigo. Un conseil vu la façon dont vous tenez le verre, vous ne risquez pas de vous tuer. Vous aurez mal pendant trois bonnes semaines mais les veines principales ne sont pas là. 　»

«　- Dites moi que vous connaissez quelqu’un qui peu vous prendre en charge pour la nuit　»

«　- Bingo ! Vous avez de la fièvre. La dernière fois que vous avez dormit ou bu remonte à longtemps ?　»

Dayna : Eh bien. Vous cherchez les ennuis. Dans quelques minutes les hommes de Van Ritten vont débarquer et vous finirez dans un de mes frigo. Un conseil vu la façon dont vous tenez le verre, vous ne risquez pas de vous tuer. Vous aurez mal pendant trois bonnes semaines mais les veines principales ne sont pas là.

Le jeune homme avait légèrement tourné la tête en direction de sa vis à vis. Que venait-elle donc faire ici ? L'avait-on réellement envoyée pour le tuer seule, ou bien avait-elle distancé ses collègues ?
Quoi qu'il en soit, elle ne lui apprenait rien : il n'ignorait pas que le temps lui était compté, et que bientôt, si aucun miracle ne se produisait, il occuperait l'un des tiroirs de la morgue...

- Ce n'est pas moi qui cherche les ennuis, ce sont eux qui me trouvent.

Et pour ce qui était de sa façon de s'y prendre pour se suicider... qu'importe, à force d'essayer, il aurait bien le temps d'atteindre un point vital avant de se retrouver encerclé !
Il n'était pas médecin LUI. Il ne cherchait pas à faire les choses biens, ou même proprement : tout ce qui lui importait, c'était d'éviter de mettre ses frères et sœurs mutants et danger.
En voyant que la légiste l'approchait, il avait posé son arme de fortune sur le sol à ses côtés : elle qui avait tellement envie de lui mettre une balle dans la tête lors de leur dernière rencontre, tenait là une occasion rêvée de mettre ses menaces à exécution.
Toutefois, sa prise de parole ne correspondait aucunement à ce à quoi le métamorphe avait pu s'attendre...

Dayna : Dites moi que vous connaissez quelqu’un qui peu vous prendre en charge pour la nuit.

Quelqu'un pour... ?
Elle se moquait de lui, il ne voyait que ça : A quoi bon lui poser cette question alors qu'il ne passerait PAS la nuit ?

Dayna : Bingo ! Vous avez de la fièvre. La dernière fois que vous avez dormit ou bu remonte à longtemps ?

Le mutant s'était raidit en sentant la main de la flic se poser sur son front, avant d'ouvrir des yeux ronds.

- Est-ce que vous êtes en train de m'ausculter ?

Voyant qu'il n'obtenait pas de réponse, il avait fini par reprendre :

- Quatre jours.

Cette indication concernait uniquement son sommeil, car quelques rares sources d'eau lui avaient permit de se désaltérer un peu au cours de sa longue fuite. Ses lèvres étaient sèches, et les vertiges dont il était victime lui laissaient penser qu'il délirait. Il était seul dans cette impasse. Jamais Dayna n'agirait comme ça en sa présence.
Il avait plissé les yeux, comme pour chasser cette illusion, mais son interlocutrice ne disparaissait pas...

« - Est-ce que vous êtes en train de m'ausculter ?…Quatre jours. »

« Vous pensez que je vous tripote le haut de crâne par pur plaisir ? Quatre jours… Pas étonnant que votre teint soit si livide. »

« J’ai de l’eau dans mon coffre. »

« Vous avez fait quoi pour que Van Ritten vous traque pendant autant de temps ? D’habitude lorsqu’il perd de vu l’un des votre, il se venge en arrêtant quelqu’un d’autre. Donc ou vous avez un truc particulier avec lui ou bien vous êtes vraiment malchanceux. Ce qui ne m ‘étonnerai qu’a demi. »

Dayna : Vous pensez que je vous tripote le haut de crâne par pur plaisir ? Quatre jours… Pas étonnant que votre teint soit si livide.

Aidan se doutait qu'il n'avait certainement pas bonne mine, mais à vrai dire, il n'avait pas prit le temps de s'arrêter pour s'admirer dans un miroir.
Si cela avait été le cas, il aurait pu remarquer ses cernes violacés, les gerçures qui abîmaient ses belles lèvres charnues, la pâleur inhabituelle de sa peau, mais aussi ses yeux, semblables à des saphirs qui auraient perdu leur éclat.

Dayna : J’ai de l’eau dans mon coffre.

Mais enfin, à quel jeu jouait-elle ?
Il y a quelques temps, elle semblait déterminée à le descendre, sans états-d'âme, et aujourd'hui, alors qu'il était dans une situation pour le moins critique, elle lui offrait son aide ?
Pourquoi prendre un tel risque ? Pourquoi s'exposer à un danger réel, et à la fureur de Van Ritten ? Si ce dernier apprenait que l'une de ses collaboratrices l'avait trahi, il ne faisait aucun doute qu'il se mettrait dans une colère folle, et qu'il enverrait la fautive en prison pour le restant de ses jours...

Lorsque Dayna lui avait tendu une petite bouteille d'eau minérale, il avait du se retenir pour ne pas se ruer dessus comme la pauvreté sur le monde.
Au lieu de cela, il l'avait regardée s'assoir, avant de déboucher le contenant, et de humer discrètement le liquide qu'il contenait : aucune trace d'un quelconque produit ajouté, ni somnifère, ni autre...
N'y tenant plus, il avait vidé l'eau à une vitesse record, au risque de s'étouffer. Une deuxième bouteille aurait été la bienvenue, mais il n'était pas en position d'exiger quoi que ce soit de sa vis à vis, qui avait déjà un comportement des plus déconcertants...

Dayna : Vous avez fait quoi pour que Van Ritten vous traque pendant autant de temps ? D’habitude lorsqu’il perd de vue l’un des votre, il se venge en arrêtant quelqu’un d’autre. Donc ou vous avez un truc particulier avec lui ou bien vous êtes vraiment malchanceux. Ce qui ne m ‘étonnerai qu’à demi.

Le métamorphe s'était tourné vers elle, lentement, avant de lui répondre :

- Votre... patron ne doit pas beaucoup apprécier que je bousille ses bâtiments. Et il profite de la haine que me voue l'un de ses pions pour essayer de me mettre la main dessus.

Il s'était interrompu, avant de poser une question qui lui brûlait les lèvres à la légiste :

- Pourquoi ? Pourquoi est-ce que vous faites tout ça ? Je croyais que vous détestiez les gens comme moi.

Elle pourrait très bien être sagement installée chez elle, dans un bon canapé douillet, devant un bon film, mais elle était là, avec lui, dans cette impasse sombre et hostile.
Lui avait-on confié la mission de l'occuper en attendant qu'on le cueille ?

« - Votre... patron ne doit pas beaucoup apprécier que je bousille ses bâtiments. Et il profite de la haine que me voue l'un de ses pions pour essayer de me mettre la main dessus. »

« - Et vous vous étonnez qu’il s’en prenne à vous ? Même un humain de base serrait pourchasser par la police. Vous avez du bol que le FBI n’ose envoyer ses précieux agents dans le coin. Sinon vous serriez bon pour la tôle ou l’injection. Quoique connaissant Van Ritten, le résultat ne devrait pas être bien différent. »

« - Pourquoi ? Pourquoi est-ce que vous faites tout ça ? Je croyais que vous détestiez les gens comme moi. »

« Je vous déteste tous autant que vous étés. Mais je ne suis pas cruelle pour autant. J’étais dans le bureau de Van Ritten lorsque le flic lui a signalé qu’il vous avait perdu. A la description j’ai compris que c’était vous. »

« De plus, je ne me réjouit pas de voir les cadavres de mutants s’empilés dans mon service. Je vous hais du plus profond de mon être mais je pense qu’aucune haine aussi justifiée soit-elle ne mérite la mort. Je n’apprécie pas plus Van Ritten que je vous aime vous. »

« Maintenant levez-vous avant que je ne change d’avis »

Dayna : Et vous vous étonnez qu’il s’en prenne à vous ? Même un humain de base serrait pourchassé par la police. Vous avez du bol que le FBI n’ose envoyer ses précieux agents dans le coin. Sinon vous serriez bon pour la tôle ou l’injection. Quoique connaissant Van Ritten, le résultat ne devrait pas être bien différent.

Elle ne comprenait pas... Elle ne pouvait pas comprendre. Et puis, Aidan était trop fatigué pour s'expliquer, lui donner toutes les bonnes raisons qui le poussaient à agir ainsi, contre les humains, en particulier Van Ritten et ses sbires.
Aussi, il s'était contenté de hausser les épaules :

- Quoi que je fasse, j'aurais le droit au même traitement une fois sous les verrous, alors je profite du temps que j'ai devant moi pour essayer d'aider les miens.

Triste, mais vrai.
Combien d'innocents avaient-ils été tués, sans bénéficier d'aucun jugement ?
Alors entre rester caché en attendant sa fin, ou agir, le métamorphe avait fait son choix depuis longtemps déjà : au moins, les forces de l'ordre savaient pourquoi ils le haïssaient LUI.

Dayna : Je vous déteste tous autant que vous êtes. Mais je ne suis pas cruelle pour autant. J’étais dans le bureau de Van Ritten lorsque le flic lui a signalé qu’il vous avait perdu. A la description j’ai compris que c’était vous. De plus, je ne me réjouis pas de voir les cadavres de mutants s’empiler dans mon service. Je vous hais du plus profond de mon être mais je pense qu’aucune haine aussi justifiée soit-elle ne mérite la mort. Je n’apprécie pas plus Van Ritten que je vous aime vous.

Voilà qu'elle le comparait avec son patron !
Quelle insulte ! Ce lâche, ce dictateur, ce... Grrr !
Bien qu'agacé par cette comparaison injuste et aveugle, le jeune homme avait gardé son calme. Il n'était ni en état, ni en position de s'énerver ce soir.

Dayna : Maintenant levez-vous avant que je ne change d’avis.

Se lever ?
Aussitôt, la poursuite était revenue dans l'esprit embrouillé du mutant. Se sauver. Quitter cet endroit, et vite ! Oui, mais comment ?
Rassemblant son courage et ses dernières forces, il s'était redressé, lentement, dépassant son interlocutrice d'une bonne tête.
L'heure était grave, et pourtant, il hésitait.
Étais-ce vraiment prudent de monter en voiture avec une flic ? Bien sûr que non, c'était même du suicide ! Qu'est-ce qui lui assurait qu'elle ne le livrerait pas ?

- Où comptez-vous m'emmener si je vous suis ?

Lentement, elle l’avait aidé à se relever. La jeune femme grinça des dents sous le poids non négligeable du mutant. Elle était folle d’agir ainsi, d’un revers de main, il pouvait l’envoyer valser au loin. Mais quelque chose la poussait à penser qu’il n’en ferrait rien. Lorsqu’il était en pleine possession de ses moyens, il ne l’avait pas touché. Dans cette histoire, elle avait laissé sa rancœur parlé et oublier qu’il y avait en ce moment des mutants bien plus honnête que certains humains. Elle l’avait appris tardivement mais bon nombre de proverbe en faisait l’éloge. Un petit sourire se dessina sur ses lèvres. Si Adam l’entendait, il n’en reviendrait sûrement pas.

Aidan: «　Ou comptez-vous m'emmener si je vous suis ?　»

Le médecin avait sa petite idée, les rues étaient pratiquement toutes cernées par la police mais son macaron indiquant sa profession lui laissait une petite chance de sortir du coin sans se faire attraper. L’avantage lorsque vous êtes médecin, c’est que lorsque vous insinuez que vous avez une urgence, la police et autres services sont obligés de vous laissez passer. Elle servait rarement de ce prétexte mais aujourd’hui, elle n’allait pas se gêner. Il en valait de sa vie et de celle du mutant. Non pas qu’elle tienne plus que ça à la vie d’Aidan. Mais l’idée de le voir sur sa table d’autopsie la révoltait. Elle ne savait pas pourquoi mais elle était incapable d’imaginer une chose pareille. Il y avait-il un espoir pour qu’elle guérisse de sa haine ? Evenson n’irait pas jusque là. Un lien indescriptible et particulier s’était tissé entre ces deux êtres que tout séparait.

Dayna: «　 Je vais vous sortir du périmètre. Après je vais vous déposez à une ou deux rues d’où vous logez. Moins j’en serrai et mieux ça sera. Et ne vous inquiétez pas, je ne suis pas aussi mauvaise que vous le pensez. Je n’ai pas l’intention de vous livrez à Van Ritten.　»

Il n’y avait rien de vrai. Elle n’allait pas rendre service au commissaire en lui servant sur un plateau d’argent un gamin. Elle avait peu de scrupule pour certaines choses mais la mort ne devait pas être la solution au problème mutant. La mort de ceux-ci ouvrait la porte à un génocide de toute une population innocente. Même Dayna le savait.
Sortant ses clés de voiture, elle se dépêcha d’ouvrir les portières.

Dayna: «　 Aller montez.　»

Lâcha le métamorphe quelques secondes pour se mettre au volant. Plus le temps passait plus sa détermination se renforçait. Elle avait enfin l’impression de faire quelque chose de bien.

Dayna : Je vais vous sortir du périmètre. Après je vais vous déposer à une ou deux rues d’où vous logez. Moins j’en saurais, et mieux ça sera. Et ne vous inquiétez pas, je ne suis pas aussi mauvaise que vous le pensez. Je n’ai pas l’intention de vous livrer à Van Ritten.

Finalement, cette femme n'était peut-être pas si mauvaise qu'il y paraissait... Quoi qu'il en soit, sa haine pour la race mutante semblait s'être quelque peu estompée, et il aurait été sot de ne pas en profiter.
Aidan avait rivé son regard légèrement flou vers elle, comme s'il cherchait à sonder son âme, à la recherche d'une quelconque idée de trahison. Il n'avait pas le choix : Soit il prenait le risque de la suivre, et avait une chance de s'en tirer vivant, soit il restait là où il était, et il mourrait...

Dayna : Aller montez.

C'était du suicide, quelque chose qu'il ne se serait jamais imaginé faire, mais il avait obéit, s'installant sur la banquette arrière en position fœtale. Son but était de passer pour un malade tout à fait ordinaire, qui n'attirerait pas l'attention de la police qui rôdait alentours, et il espérait sincèrement que sa tactique fonctionnerait...
Tourné vers le dossier du siège, il masquait son visage au mieux. Et la légiste avait démarré.

Il avait peur, il fallait bien l'avouer. Des gouttes de sueur perlaient sur sa peau, provoquées par la fièvre qui le dévorait, et des frissons parcouraient son dos, comme des petites décharges électriques.
Et lorsqu'il avait sentit la voiture ralentir, son cœur avait fait un bond dans sa poitrine...

* M*rde... *

Pourvu qu'il n'ait pas affaire à l'un des seuls flics intelligents de ce pays, ou encore au gardien à qui il avait arraché un bras dans sa fuite, car il serait reconnu à coup sûr...
Le plus effrayé était sans doute le lion qui sommeillait en lui. Son instinct le poussait à vouloir bondir du véhicule, et tenter le tout pour le tout. Le métamorphe devait lutter contre cette pulsion, sachant que foncer droit devant lui au dehors le conduirait à une mort certaine. Seuls les animaux étaient capables de prendre ce genre de décisions inconsidérées, mués par l'énergie du désespoir...

* Restes calme... *

Ne pas bouger. Ne surtout pas faire de geste suspect.
Le jeune homme s'était raidit en entendant la voix d'un policier. Il n'avait plus qu'à espérer que son chauffeur soit maligne, et qu'elle n'ait pas tiré un trait sur ses bonnes résolutions...

Elle avait à peine quitter la rue qu’une voiture de patrouille lui fit signe de descende. Dayna était confiante. Il était quasi-impensable qu’une femme comme elle s’amuse à prendre dans sa voiture un mutant recherché par ses supérieurs. Descendant la vitre, la jeune femme fit un sourire à son collègue.

« Bonjours Jim »

Le flic ôta sa casquette pour s’essuyer le front. Evenson l’aimait bien. Jim Harrison avait cinquante-quatre ans et attendait avec impatience l’âge de la retraite. Lui et sa femme June vivaient dans une petite maison dans le Queens. Ils n’avaient pas d’enfant mais Evenson était sur qu’ils auraient fait des parents merveilleux. Lors du décès de son fils, ils avaient été d’un grand soutient au couple. Dayna ne l’oublierai jamais.

« Hey Dayna ! Qu’est-ce qu tu fais dans le coin ? »

La légiste ne cilla pas. Elle le connaissait assez pour savoir qu’elle ne risquait absolument rien avec lui. Il était sûrement le plus indulgent et le plus doux des flics de cette ville. C’était d’ailleurs leurs sujet de raillerie préféré.

« J ‘amène le mari d’une amie à l’hôpital. Visiblement il a un peu trop abuser sur l’apero et il est en train de nous faire un coma éthylique. »

Elle tourna la tête vers un Aidan parfaitement immobile. Il jouait son rôle à merveille. Jim regarda quelques secondes le mutant avant d’hocher la tête. Sans attendre il me fit signe de partir. Pendant qu’elle mettait le contact, le flic revint sur ses pas et posa sa main rugueuse sur l ‘épaule de Dayna.

« Passe par la sixième, Van Ritten est persuadé que le mutant essaie d’aller vers le Sud. »

Après un temps d’arrêt, elle se tourna vers son ami qui lui fit un clin d’œil.

« Je suis pas idiot. Et évite de dire que c’est un coma éthylique, ta voiture n’empeste pas l’alcool. De plus tu n'as pas d'ami dans le coin»

Sur ce il reparti vers sa voiture et dégagea la rue. Décidément, elle avait beaucoup de chance aujourd’hui. Dayna démarra la voiture et parti vers le nord de la ville. Comme Jim l’avait prévu, les rues étaient calmes et paisibles. Elle se promit de lui rendre ses services très bientôt. Il venait de sauver la vie d’un mutant et sa carrière. Une chose était sure, il venait de s’offrir une place au paradis.

Dayna : Bonjour Jim

Flic : Hey Dayna ! Qu’est-ce que tu fais dans le coin ?

Dayna : J ‘amène le mari d’une amie à l’hôpital. Visiblement il a un peu trop abusé sur l’apéro et il est en train de nous faire un coma éthylique.

Immobile, Aidan se contentait d'écouter la conversation, espérant que les idées originales de sa " sauveuse " leur permettraient de se tirer de ce mauvais pas sans encombres.
Il pensait qu'ils pourraient reprendre leur route tranquillement, mais la voix du policier l'avait de nouveau fait tressaillir :

Flic : Passe par la sixième, Van Ritten est persuadé que le mutant essaie d’aller vers le Sud. Je suis pas idiot. Et évites de dire que c’est un coma éthylique, ta voiture n’empeste pas l’alcool. De plus tu n'as pas d'ami dans le coin.

M*rde...
Cette fois-ci était la bonne. Dayna était intelligente, mais pas assez pour berner ses collègues. Dans quelques minutes, il aurait les menottes aux poignets, et il serait conduit devant le boss, qui se ferait une joie de le voir.
Malgré sa faiblesse, il allait se redresser et bondir pour tenter une ultime fuite, mais contre toute attente, l'homme qui leur barrait le chemin s'était éloigné, avant de dégager le passage.
Le métamorphe n'en revenait pas : Alors que la voiture se remettait en mouvement, il s'était quelque peu détendu, avant de soupirer.
Et s'il s'était trompé ? S'il n'y avait qu'une petite partie de l'humanité qui était mauvaise, corrompue par la peur et les préjugés ?

Non, c'était impossible...
La plupart des gens ordinaires craignaient les détenteurs de dons. Ces deux là faisaient exception à la règle, pour des raisons assez floues, voilà tout.
La légiste lui avait fait quitter le périmètre de sécurité instauré par les forces de l'ordre pour lui mettre la main dessus.
Il était libre, et en vie. A cette pensée, une bouffée de joie l'avait envahie, joie bien vite entachée par sa fièvre, et la fatigue qui le tiraillait.

Il n'était pas en état de réfléchir. Il s'efforçait de garder les yeux ouverts, et de rester conscient, scrutant le paysage avec un air absent, mais il se sentait sombrer, lentement.
Au bout de quelques minutes, bercé par les soubresauts du véhicule, il s'était endormi, grande forme sombre installée sur la banquette arrière, et dont la poitrine se soulevait doucement... Et tout laissait penser qu'il n'était pas prêt de se réveiller...

[ je poste le début, j'ai pas mal de problèmes avec mon ordinateur]

Les rues de Brooklyn étaient silencieuses. Avec l'arrivée des mutants, la population avait tendance à se terrer chez elle afin de se protéger de ce mal invisible. Dayna n'avait pas connu l'époque lointaine ou les gosses des rues jouaient avec plaisir sur le bitume. En ce temps là, des milliers de gens foulaient chaque jour l’asphalte brûlant. Les magasins étaient bondés jusqu’aux dernières heures de l’après-midi. Brooklyn grouillait de vie comme une fourmilière par temps estival. Aujourd’hui, les bedeaux avaient déserté cet endroit autrement vivant. On se cachaient des autres, craintifs, de ce qui pouvait nous arriver en dehors de nos murs. Dayna était un peu mélancolique face à tant de méfiance. Peut-être que le vrai côté négatif de la mutation était la séparation des êtres. Dayna elle même avait vu sa vie affectée par l'apparition de la mutation. Après la mort de son fils, la légiste s'était isolé du reste du monde. Ami, famille, mari, personne n'échappait à sa solitude. Ce qu'elle ne comprenait pas, c'était que la plupart des gens n'avaient pas vaincu la moitié de son parcours. Qui pouvait pretendre avoir perdu un enfant à cause de la maladie ? Les Evenson étaient surement les seuls à déplorer une telle tragédie. Pourtant la population continuait à se terrer dans leur demeure. la ville mourrait. Pas à cause de la mutation mais à cause des non-mutants.
Elle avait du mal à l'admettre mais Aidan avait raison. Le seul problème mutant qui existait était la peur et les agissements des personnes saines. La plupart des atteints se contentaient de survivre face à l'offensive ennemi. La haine qu'on leur vouait les avaient poussé à prendre le peu d'arme qu'ils avaient et jouer de la meilleures défences c'est à dire l'attaque. En y réfléchissant bien, ni elle ni Adam n'avait raison. Les mutants n'avaient besoin de personne. Leur seul besoin était la liberté.
la flic jeta un bref coup d'oeil sur le métamorphe. Coltrane s'était endormi sur la banquette arrière. ses traits étaient détendu et on aurait pu presque croire qu'il éteint serein. Evenson avait presque oublier que certaines personnes trouvaient la paix dans les bras de Morphée. Ce n'était pas son cas. Chaque nuit était un calvaire de plus où elle revivait le pire jour de sa vie. Aucun médicament ne pouvait empecher ses cauchemars de revenir. Après un bref sourire, la jeune femme reporta son attention sur la route. Elle se demandait bien ou elle devait le déposer. Pas question de l'emmener à l'hopital, il se ferrait arrêter avant d'être examiné. Dayna n'en voulait pas chez elle donc il ne restait qu'une solution, se garer le reveillé puis lui demander où il désirait être déposé.
Elle se gara dans une ruelle sombre. Après avoir détacher sa ceinture, elle se retourna pour observer le mutant endormi.

" Aller debout. Je vous ai sorti de la zone vous n'avez plus qu'a me dire ou je dois vous déposer. "

Profondement endormi, il ne semblait pas près de répondre. Dayna fouilla dans sa boite à gant et sortit un mouchoir en papier qu'elle humidifia avec de l'eau. La légiste le passa sur le front brulant du métamorphe.

" Aidan ? "

Aidan n'avait pas sentit la voiture ralentir pour s'arrêter. Plongé dans un sommeil qui avait des airs de perte de conscience, il était totalement déconnecté de la réalité. Aussi, la voix de la légiste ne lui était parvenue que comme un lointain écho :

Dayna : Aller debout. Je vous ai sorti de la zone vous n'avez plus qu'à me dire ou je dois vous déposer.

Pour la première fois depuis plusieurs longs mois, il ne rêvait pas, et profitait d'un endroit confortable pour se reposer un peu, et reprendre des forces.
D'ordinaire, les Hommes peuplaient des cauchemars fréquents. Il ne parvenait pas à oublier ce qu'il avait vu le soir où il s'était échappé du centre du quarantaine, et n'y parviendrait sans doute jamais. C'était le sort qui lui était destiné, celui auquel il avait miraculeusement échappé.
Une triste réalité, qui le rattraperait peut-être un jour...

Dayna : Aidan ?

Ce n'était pas le fait d'entendre son prénom qui l'avait éveillé, mais le contact avec le mouchoir humide contre son front brûlant.
Le lion avait réagit le premier, et dans un geste défensif, avait grondé sauvagement, poussant son hôte à se métamorphoser et à se plaquer contre le siège, ne manquant pas d'y enfoncer profondément ses énormes griffes au passage.
La première pensée qui lui était venue à l'esprit avait été la suivante : il avait été capturé, et l'on s'apprêtait à mettre fin à ses jours.

Et puis, il s'était souvenu. Il n'y avait nulle seringue dans l'habitacle du véhicule, seulement la femme qui l'avait tiré d'un très mauvais pas il y avait de cela... il ne le savait pas très bien... Combien de temps avait-il dormi ?
Calmant sa respiration, il avait reprit son apparence initiale, avant de jeter un œil sur les dégâts qu'il avait occasionnés.

- Je suis désolé, je ne voulais pas abîmer votre voiture...

Il s'était interrompu. Les images dansaient devant ses yeux, et il était victime de maux de tête atroces.

- Où sommes-nous ?

Il avait froid, ou peut-être chaud, peur aussi, une peur inexplicable causée par la température anormalement élevée de son corps...

Les gestes de Dayna étaient tout ce qu'il y avait de plus calme et de plus rassurant. Elle passait sa main sur le front du mutant comme elle l'aurai fait avec n'importe quel ennfant. Mais Malheureusement pour elle, ce dernier ne lui rendit pas de la manière convenue. A peine avait-il ouvert ses grands yeux clairs qu'il se métamorphosa devant elle, la poussant à reculer violemment contre le tableau de bord. Une douleur fulgurante luidéchira le dos et les cotes.

" Eh Eh EH ! On se calme ce n'est que moi. Vous êtes pas bien de vous transformez comme ça ! J'ai faillit avoir une crise cardiaque"

En effet, sa fréquence cardiaque devait avoir atteint des sommets. Alors qu'elle reprenait ses esprits, le grand lion reprit forme humaine et laissa au passage admiré son oeuvre. Il n'avait rien laissé au hasard avec ses grands griffes acérées. Les sièges étaient déchirés et par en par et la flic doutait que ça puisse étre réparé. Adam allait la tué sur place.

" Vous ne faites pas les choses à moitié. Nous sommes en sécurité, bien loin de la zone de surveillance. Maintenant, il va falloir que vous vous trouviez un endroit pour dormir. Un bon jour de sommeil vous retapera."

De toute façon, il n'y avait plus que ça à faire. Dayna n'avait pas le courage et encore moins la possibilité de lui trouver de quoi le soigner. Les pharmacies les plus proches n'étaient plus équipé pour soigner se genre de mal. Il y avait plus de drogue et d'antidouleur dans les stock que de cachet d'aspirine.

" Dites moi que vous avez une cachette ou un refuge et que celui-ci ne se situe pas dans la zone. Je ne vous demande pas votre adresse, loin de là mais je veux m'assurer que je ne vais pas devoir passer les barrages encore une fois avec vous sur ma banquette défoncée. Nous sommes passés une fois mais je crains que la deuxième risque d'être beaucoup facile."

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