Joshua O. { Loading [ 35 % ]

Histoire du sujet :

"Le corps à été retrouvé l'après-midi du vingt et un Juin 2018. Il était seize heure lorsque le petit Kyle Evenson a été découvert dans un état méconnaissable. Les autorités ne peuvent nous donner confirmation, mais il a été laissé sous-entendre que le drame a été causé par un enfant plus jeune présentant un cas de mutation. Le meurtrier a été emmené dans un hopital du centre de New-York, où il serait sujet à de nombreuse recherches."

Je me souviens de la première fois où mes yeux se sont ouverts. La pièce était d'une blancheur froide, celle qui vous brûle la rétine et qui vous pousse à refermer les paupières aussitôt. J'ai refermé mes doigts contre la paume de ma main droite, mais je ne sentais plus. Ni la caresse de ma peau, ni la douleur de mes ongles s'enfonçant dans l'épiderme. De nouveau, j'ai ouvert les yeux. La lumière m'agressait, et je me redressai, me croyant réveillé d'un mauvais rêve. Le souffle saccadé, l'oeil hagard, le corps prit de spasmes naissant dans mon échine. Quelque chose m'avait coupé dans mon élan. La camisole m'étreignait dans son cuir âpre, mes mouvements étaient entravés par l'épaisse lanière qui me barrait le ventre. Je ne me souvenait de rien. Ni de mon nom, ni de mes parents. De simple bribes me revenaient, prenant forme de son et de flash, et me rappelaient que j'avais un passé. Le cri est sorti sans que je ne m'en rende vraiment compte. Un déchirement dans mes poumons, ma trachée. J'hurlais et me débattais, car il m'était impossible de faire autrement. Quelques secondes plus tard, ils étaient là. Aussi blancs qu'était la pièce où ils m'avaient enfermé, un masque sur le visage, pullulant autour de moi comme des cafards ou des fourmis autour de leur proie.

Je n'ai pas senti l'aiguille s'introduire dans mon bras. Mes muscles se sont détendus, malgré les veines protestations de ma conscience. Une main se posa sur mes clavicules. Une main chaude et douce, qui exerça une légère pression, me forçant à me ralonger.

"-Comment t'appel-tu ?"

Pas de réponse. Je n'avais plus de nom. Il y avait juste une phrase, qui se répétait sans cesse et automatiquement dans ma tête, comme un engrenage infernal. Des mots controuvés, peut-être inventés, devenant une litanie monotone.

"Joshua. Je m'appelle Joshua O'brien"

Soupire. A l'évidence il ne s'attendait pas à ça. Je le regardais, mais mes yeux ne discernaient que des contours. Il était là, impassible. Mes mains tremblaient.

"-Je veux voir ma maman..."

L'homme se redressa soudainement. Il posa une main chaude sur mon épaule.

"-Tu te souviens d'elle ?"

Je n'avais pas reflechi. Ma réponse fut instinctive, se tirant de ma traché pour aller s'éteindre comme une déception :

"-Non."

L'atmosphère restait suspendu. L'homme me regardait. Il n'y avait plus rien à faire pour moi. Je le lisais dans ses yeux. Je voyais aussi qu'il ne me voulait pas de mal. Mais il ne pouvait rien faire pour moi. Il me le disait. Etrangement, je lisais à cette instant en lui comme un livre ouvert. Il y avait quelque chose. Je n'arrivais plus à m'en souvenir. J'avais juste cette désagréable impression logé dans ma gorge. Les larmes s'accrochait à mes cils comme des perles.

"-J'ai mal au ventre"

Le type hocha la tête, mais ne répondit pas. Il se contenta de resserrer doucement ses doigts contre mon épaule. La pièce aséptisée me donnait mal à la tête. Tout les regards des médecins étaient tournés vers moi. L'homme soupira.

"-Tu as le droit de savoir ce qu'il va t'arriver et pourquoi, Joshua."

Je tournais mon visage trempé vers lui. Je ne voyais pas mon expression. Mais elle devait être abominable. Il eut un léger sursaut.

"- Il y a quarante huit heure, tu as tués un enfant. Il avait deux de plus que toi."

J'ai ouvert la bouche. Dans le cerveau d'un gosse de sept ans, "tuer" est un mot qui n'a aucun sens. Je n'ai pas compris.

"-Tu as dans tes gênes quelque chose qui fais de toi quelqu'un de spécial, Joshua. Et c'est très dangereux."

Je le sentais bien. Mon coeur battait, et mon sang brûlant pulsait dans mes veines, sous ma peau trop chaude. J'étais meurtri de peur.

"-Nous allons t'endormir. Tu ne vas rien sentir et tu oublieras tout. Je veillerai à ce que tu n'ais pas mal, mon garçon."

Ça non plus, je ne l'ai pas tout de suite compris. S'endormir ne faisait pas mal. Et ils m'ont laissé. J'étais seul, dans une pièce longue et étroite, le "bip bip" qui contrôlait mon rhytme cardiaque agissait comme une berceuse. Je me suis laissé emporté par le sommeil. J'existais. J'étais vivant, et j'avais perdu ma vie. Je n'étais plus rien. J'avais peur, sans ma mère dont je ne me souvenais que des bribes de sons indistincts, des caresses effleurées, un père attendrit dont le sourire me revenait, mais tout, absolument tout était flou. J'étais derrière une vitre opaque, et rien ne pouvait la briser. Lentement, sous les médicaments, la peur, la fatigue et l'angoisse, je me suis endormi. L'air de rien, sans prévenir.
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