Garderie, ou garde du corps ? [ Adam ]

Ce jour là, Aidan avait décidé de rendre visite à un ami mutant. Ils s'étaient donné rendez-vous dans le quartier du Bronx, sachant les lieux peu fréquentés par les forces de l'ordre, et retrouvés dans un vieux hangar quelque peu insalubre.

Ami : Content de te revoir vieux frère !

Le plaisir était partagé. Son contact était jeune, un peu moins qu'il ne l'était lui même, et particulièrement amical. Contrairement à lui, il se contentait de se fondre dans la population humaine du mieux qu'il le pouvait, sans tenter quoi que ce soit contre Van Ritten.
Il n'était pas lâche, mais pacifique. Et il avait peur, ce qui était tout à fait normal. Le métamorphe pensait qu'il était un peu naïf de croire que les humains finiraient par les laisser vivre leurs vies, mais il le laissait espérer. Après tout, peut-être qu'il avait raison. Peut-être était-il trop pessimiste, qui sait ?

Cela faisait plusieurs longs mois qu'ils ne s'étaient pas vus, si bien qu'ils avaient beaucoup de choses à échanger, sur ce qu'il leur était arrivé pendant ce temps, bon nombre de détails qui pourraient vous paraître sans importance, mais qu'ils prenaient plaisir à évoquer.
Et puis, l'ami du jeune homme lui avait annoncé une chose qui l'avait étonné :

Ami : Tu sais... je suis papa.

Élever un enfant dans un monde tel que celui-ci n'était pas l'idéal, mais cela n'avait pas empêché le semi-félin de partager l'enthousiasme de son interlocuteur.

- Sans rire ? C'est génial ! Depuis quand ?

La petite avait en réalité à peine 6 mois, mais déjà l'apparence d'un bambin de trois ans, et une intelligence très développée. Sa mère les avait quitté pour un humain, apte à lui offrir de meilleures conditions de vie, et n'avait plus jamais donné de nouvelles. De toute évidence, elle n'avait pas désiré sa progéniture...

[...]

Ami : Tu veux bien la surveiller pendant que je m'occupe d'une affaire importante ? Je ne serais pas long.

Bien entendu, Aidan avait acquiescé, si bien qu'il s'était retrouvé avec la gamine dans les bras. Il adorait les enfants, et celle-ci était jolie comme un cœur : des boucles rousses, de beaux yeux verts, et un sourire à faire fondre la banquise, il était indéniable qu'elle deviendrait un jour une demoiselle très convoitée par la gente masculine... du moins, si elle vivait jusque là.

[...]

Gamine : Encore ! Encore !

Infatigable, la petite escaladait les flancs du grand lion blanc, sautait sur son dos, cachait son visage dans son épaisse crinière, et se laissait glisser pour recommencer.
Elle s'amusait beaucoup de le voir cacher ses yeux avec ses énormes pattes, et se retourner en poussant des grognements rigolos lorsqu'elle essayait de toucher le bout de son museau.
Mais comme vous le savez sûrement, toutes les bonnes choses ont une fin...

Il ne l'avait pas entendu tout de suite à cause des rires de la fillette, mais quelqu'un s'était approché de leur cachette. Impardonnable imprudence, qui aurait pu leur coûter la vie.
En un clin d'œil, le mutant avait reprit sa forme première, avant de soulever la gamine du sol, la mettant à l'abri dans ses bras musclés.
Il allait détaler quand une voix s'était élevée dans le hangar...

Adam : Excusez-moi mon cher monsieur...

L'avait-il vu se transformer ? Non, si c'était le cas, il ne lui parlerait pas de cette façon... A moins qu'il ne feigne d'être courtois, pour mieux le surprendre...
Aidan ignorait si l'inconnu était armé, s'il faisait partie de la police, et quelles étaient ses intentions à son égard, aussi, il était resté immobile à une distance raisonnable de l'endroit où il se trouvait, tous les sens aux aguets.
Il avait promit à son ami de prendre soin de son enfant, et c'est ce qu'il comptait faire.

Gamine : C'est qui ?

Ah, la curiosité enfantine...
Comme il n'avait pas de réponse à lui donner, le mutant s'était contenté de poser un doigt sur ses lèvres, pour lui conseiller de garder le silence en attendant qu'ils obtiennent plus d'informations.

- Que voulez-vous ?

C'était franc, et direct, mais s'il y avait danger, le jeune homme ne souhaitait pas s'attarder.
Dans ses bras, la fillette s'agitait légèrement, tournant régulièrement la tête en direction du nouvel arrivant pour l'observer avec des yeux ronds.
Elle ne semblait pas se douter une seconde, et ce malgré son intelligence très développée, qu'il pouvait représenter un danger mortel pour elle.
Son père ne lui avait sans doute jamais dit du mal des humains, même s'il s'en cachait...

Adam : Bonjour, je m'appelle Adam Evenson... je me suis égaré et je ne trouve plus mon chemin... je vous ai entendu jouer avec la petite et du coup, je me suis approché... navré de vous avoir dérangé pendant que vous étiez en train de jouer tout les deux...

Evenson ?
Ce nom disait quelque chose au métamorphe, qui avait mit quelques instants à faire le lien avec Dayna.
Se pourrait-il que... ?

- Vous êtes marié ?

Cette question pouvait paraître étrange, mais il avait besoin de savoir si sa supposition était vraie. Dans ce cas, et si l'homme ressemblait à sa compagne, alors il pourrait " baisser les armes " : Car il n'oubliait pas qu'il devait une fière chandelle à la légiste...

Adam : Je... marchais en sortant d'un restaurant et j'ai cru avoir vu un enfant marcher dans une ruelle et... je voulais le ramener en sureté, où il ne serait pas blessé, mais j'ai dû rêver, et c'est après une demi-heure que je me suis rendu compte que je me suis... perdu.

Ce type était étrange.
De toute évidence, il n'avait pas l'habitude de se trouver dans des lieux aussi peu accueillants, car tout en lui, de sa posture à l'expression de son visage, indiquait qu'il était mal à l'aise.
Néanmoins, il ne semblait pas habité de mauvaises intentions : Il avait plus l'air d'une grosse tête que d'un sportif, et comme après inspection, le mutant avait remarqué qu'il n'était pas armé, et seul, il ne représentait aucun danger réel pour lui et l'enfant.

- Je vois...En quittant le hangar, prenez à droite, et marchez droit devant vous sur 500 mètres. Après quoi, bifurquez à gauche, puis empruntez la rue qui monte, et vous déboucherez sur la sortie du quartier.

Explication simple, mais précise.
Il espérait que son interlocuteur allait s'éloigner, quand la petite avait fait apparaître une peluche assez volumineuse entre ses mains.
Catastrophe...

Adam : Oui, je suis marié...

Il baisse sa garde. Pour un instant tout du moins...

Adam : Elle semble aimer les peluches dans leur pleine grandeur.

L'inconnu avait sourit en voyant l'objet apparaître. N'était-il pas effrayé ? Révulsé à l'idée d'avoir affaire à deux mutants ?
Visiblement non. Le visage d'Aidan était à la fois surprit et crispé. Inquiète, la fillette avait refermé ses petites mains sur son tee-shirt, avant de le questionner :

Gamine : Aidan ?

Pas de réponse.

Gamine : Tu es... fâché ?

Il avait fini par sortir de sa torpeur, avant de la rassurer :

- Non, ne t'en fais pas.

Un instant s'était écoulé en silence, avant qu'il ne reporte son attention sur son vis à vis :

- Qui êtes vous exactement pour réagir de la sorte ?

Un autre aurait crié, prit la fuite, ou appelé du renfort à défaut de pouvoir brandir une arme.
Pas lui, et c'était troublant. Anormal même...
Tous les humains ordinaires devraient se comporter de cette façon en étant confrontés à la mutation, mais c'était dans un monde imaginaire, purement utopique.
Sur cette terre, rares étaient ceux qui leur voulaient du bien...

Adam : Je suis scientifique et professeur à l'université médicale... mais je ne crois pas que ça vous intéresserait de savoir où je travaille. Je comprend que vous soyez surpris... mais je ne suis pas bien méchant rassurez-vous. Ma femme me dit vous protéger... j'essaie plutôt de vous comprendre, parce que honnêtement, je ne suis pas du côté des policiers et de leurs agissements envers des humains qui ont subit une mutation. Je suis plutôt fasciné par vos pouvoirs.

Gamine : C'est quoi un scientrifique ?

L'enfant avait déformé ce mot qu'elle ne pouvait pas craindre vu son jeune âge et son insouciance. Il inspirait des sentiments bien moins innocents à Aidan qui lui, savait exactement de quoi étaient capables ces hommes en blouses blanches qui travaillaient majoritairement pour le compte de Van Ritten...
Il y avait été confronté, il les avait vu à l'œuvre, et même s'il ne l'avouerait jamais, il les craignait.
Toutefois, il avait répondu à la question de la petite du mieux qu'il avait pu :

- C'est une personne qui aime les sciences, qui fait des recherches très compliquées, et qui travaille avec des produits dangereux.

Il avait bien insisté sur le mot dangereux. Des substances qui ôtaient la vie étaient pour lui indignes d'être étudiées.

Gamine : Whaouu ! Tu cherches quoi toi monsieur le scientifrique ?

Le métamorphe la laissait poser ses questions, sans toutefois cesser d'être sur ses gardes. Adam disait être fasciné par les pouvoirs des mutants, mais qu'est-ce que cela impliquait ?

- Pourquoi vous intéressez-vous autant à la mutation ?

Il avait faillit lui demander si la perspective d'étudier des mutants sous tous les angles lui plaisait, mais il s'était abstenu... pour le moment du moins !

Adam : Je fais toutes sortes de mélanges et je les essaie pour regarder ce que ça fait. Je les essaie sur des petites bêtes, des petites souris.

Et qu'en était-il des mutants, hum ?
Aidan aurait aimé le savoir, mais la petite était intéressée par l'inconnu, et comme il ne voulait pas risquer de la brusquer, il s'était abstenu de poser la question.
En revanche, il avait écouté attentivement ce que lui disait son interlocuteur :

Adam : Eh bien. Vous savez, je suis fasciné plutôt qu'effrayé. Vous avez des choses que les humains sans mutations n'ont pas, et pour moi, ce n'est pas quelque chose d'horrible, mais plutôt une avancée dans la science. Je ne fais pas d'études dans le but de vous...

Il s'était interrompu, certainement pour préserver l'enfant, et le métamorphe lui en avait été reconnaissant. Toutefois, lorsqu'il avait reprit, une grimace s'était affichée sur son visage juvénile :

Adam : Enfin... vous comprenez. Mon but est d'en apprendre d'avantage sur les évènements qui on eu lieu il y a une quinzaine d'années, et pour être honnête, vous n'êtes point des abominations comme tant de gens le prétendent, au contraire, si on pouvait vous étudier dans des laboratoires, sans toutefois vous en garder prisonnier évidement, nous pourrions en apprendre beaucoup sur la génétique, l'ADN et le système humain en général, en plus d'arriver peut être à trouver des remèdes pour une multitude de maladies qui encore aujourd'hui, sont incurables... et je tente également de trouver un remède à la mutation... si je peux redonner une vie aux humains qui ont muté, j'en serais heureux. Ainsi, vous ne vivriez pas dans la peur ou vous ne vous cacheriez pas... je trouve que vous êtes plus humains que nous en fait... les flics tuent par sang froid... beaucoup d'humains mutés sont pourtant pacifiques.

Un remède contre la mutation ?
Alors ça, c'était la meilleure !

- Est-ce que nous avons l'air malades ?

Le jeune homme avait quelque peu haussé le ton, sans même s'en rendre compte.

- Les particularités que nous avons développées après avoir inoculé le traitement contre le VIH font partie de ce que nous sommes ! Je parle en mon nom, mais je suis sûr de ne pas être le seul à penser ainsi.

Pour rien au monde il n'aurait voulu qu'on le prive de son don. Cet animal qui sommeillait en lui, il avait apprit à le connaitre, à le maitriser et plus encore, à l'aimer !
Certes, sa vie était loin d'être facile à cause de cette " anomalie génétique ", mais les humains devraient les accepter tels qu'ils étaient, ou rien...
Son pouvoir n'était pas responsable de son malheur. Non, l'unique responsable était la folie des hommes, véritable fléau qui gangrenait le monde...

Adam : Ce n'est pas ce que j'essayais de dire, c'est que je sais que votre vie n'est pas facile... du moins, trouver un vaccin ou quelque chose qui pourrait irradier la mutation chez les gens qui ne veulent pas vivre avec...

Hum...
S'il ne s'agissait que de libérer d'un poids les gens qui, à cause de leur don, étaient contraints de vivre à l'écart de tous ceux qu'ils aimaient, ou qui s'auto-mutilaient de façon inconsciente, alors son but était assez noble, et respectable.
Un point pour le scientifique donc.

Adam : Je comprend. Je ne veux pas non plus que mon "remède", si j'en découvre un évidement, soit une obligation, et je me ferai une mission personnelle de m'en assurer. C'est pour leur offrir une vie moins difficile que je fais cela. Mais bon. Ce que le gouvernement devrait faire, c'est donner des logements aux mutés plutôt que de les chasser ou les tuer. Vous n'êtes pas des meurtriers... À ce que je sache, beaucoup de non mutés étaient des tueurs, des violeurs, des batteurs de femmes, et j'ai l'impression qu'il vous mettent tout sur le dos pour blanchir la réputation des humains sans mutations... c'est totalement absurde.

Aidan avait acquiescé :

- Je suis d'accord avec vous.

Assuré qu'il n'avait pas affaire à un ennemi, il avait reposé la petite sur le sol, avec sa grosse peluche.

Gamine : Tu viens jouer ?

Il lui avait adressé un sourire, avant de lui répondre :

- Je vais parler un peu au monsieur d'abord.

Gamine : Oh... il ne veut pas jouer avec nous ?

- Non, je ne crois pas.

Gamine : Bon, d'accord.

Ah les enfants !
Sans la quitter des yeux, le métamorphe avait reporté son attention sur Evenson, avant de lui poser une question assez délicate :

- Pourquoi vouloir nous aider après l'accident de votre fils, si ce n'est pas indiscret ?

Pour que de telles choses ne se reproduisent pas sans doute...

Adam : Parce que ce n'est pas vous tous qui avez sauté sur mon fils... ce n'est pas la faute de tout les mutants... ce que j'ai remarqué depuis que j'ai découvert la première vague de mutations, c'est que certains humains qui subissent la mutation deviennent agressifs. Je tente de les aider en irradiant cette agressivité que la mutation leur cause, dépendant évidement de leur comportement antérieur. Kyle n'est pas décédé parce LES mutants l'on tué... Kyle est décédé parce qu'UNE personne agressive en mutation l'a prit pour cible... je ne vous en veux pas...

Le scientifique disait vrai : On ne peut pas condamner des centaines de personnes pour l'acte d'une seule. Toutefois, la façon qu'il avait de relater les faits laissait penser à Aidan qu'il se trompait quant à l'origine de la mort de son enfant :

- Vous ne vous êtes jamais demandé si celui qui a tué votre fils n'avait pas eu l'intention de lui faire tant de mal ?

Il s'était interrompu, avant de s'expliquer :

- Je pense que je ne vous apprend rien en vous disant que les gosses se disputent régulièrement, souvent pour des anneries. Eh bien imaginez que vous soyez un mutant, à peine âgé de dix ans, qui n'a pas encore prit conscience de son don. Vous vous mettez en colère, et il se passe quelque chose de nouveau et d'effrayant en vous, quelque chose que vous ne pouvez contrôler. Vous essayez, mais vous êtes impuissant. La machine est lancée...

Pour les plus jeunes, posséder un pouvoir était parfois comparable au fait d'avoir un pistolet chargé entre les mains : avant la maîtrise de " l'arme ", et sans " mode d'emploi ", tout pouvait arriver, y comprit le pire...

La fillette jouait un peu à l'écart des adultes. De légers " Pop ! " laissaient deviner qu'elle utilisait ses propres capacités, qui étaient assez impressionnantes, même pour un mutant...

Adam : Je.. n'y avais jamais songé. Mais maintenant que vous venez de m'en parler, vous avez sans aucun doute raison. Je m'en veux de lui avoir mit la mort de mon fils sur son dos, à cet enfant... il n'a pas fait exprès...

Aidan était heureux de lui avoir fait entrevoir une possibilité qu'il n'avait pas envisagée. Il n'était pas là le jour où la vie du petit Kyle avait prit fin, mais il ne pensait pas qu'un enfant, avec son innocence, puisse en arriver à tuer l'un de ses camarades sans raison.
Le mal était fait, mais pouvait-on vraiment l'en blâmer ?

La petite fille semblait s'inquiéter pour le scientifique. Lentement, elle s'était redressée, et après avoir quitté ses jouets, et épousseté sa robe, elle l'avait approché, avant de le questionner :

Gamine : T'as mal à la tête monsieur ?

Non, sûrement pas, mais une chose était certaine, c'est qu'il semblait bouleversé. Conscient qu'il avait du remuer un couteau dans une plaie encore mal cicatrisée en évoquant le défunt devant ce père de famille, le métamorphe avait fait quelques pas dans sa direction, avant de lui tendre la main, pour l'aider à reprendre ses aplombs.

- N'en parlons plus.

L'enfant s'était agrippée à l'une de ses jambes, avant de lui adresser un sourire qui se voulait entraînant :

Gamine : Et maintenant, on joue ?

Une balle était apparue dans ses mains, avant qu'elle ne regarde tour à tour les " grands ", espérant une réponse positive...

Adam : D'accord. Vous êtes une bonne personne, je suis content d'avoir fait votre connaissance. C'est votre fille ?

Aidan avait rit, avant de lui répondre :

- Oh non, je me trouve encore un peu jeune pour être père. Je suis simplement son garde du corps pour la journée^^

Amusée, la gamine avait renchérit :

Gamine : Ouais, et il peut même manger les gens qui sont pas gentils avec moi !

Ces gens n'avaient qu'à bien se tenir alors !
Le métamorphe s'était accroupi devant elle, avant de la questionner :

- Avec, ou sans pouvoirs cette partie ?

Gamine : Sans, sinon le monsieur dira qu'on a triché !

Ah oui, très juste.
Amusé, le grand gaillard avait murmuré à son oreille :

- Cours, je te laisse dix secondes d'avance, mais c'est bien parce que tu es une fille hein !

Un éclat de rire enfantin. Le bruit de petits pieds qui percutent le sol en rythme, en tapant dans une balle de façon quelque peu maladroite, et irrégulière.

[...]

- ... Dix !

Aidan s'élance en avant, ignorant si le scientifique a l'intention d'en faire de même. Évidemment, et il en était de même avec la plupart des gens qu'il rencontrait, il ne pouvait se défouler convenablement en s'amusant de la sorte...

Adam : Tu est très intelligente pour ton âge.

Gamine : Mon papa dit que c'est grâce à maman.

Sa mère, une mutante également, devait lui avoir transmit certaines de ses capacités...

[...]

Aidan courait derrière l'enfant, à une vitesse délibérément lente. S'il l'avait voulu, il aurait pu lui prendre le ballon une quinzaine de fois, mais son but n'était pas de gagner.
Le scientifique les suivait, si bien qu'il s'efforçait de caler son allure sur la sienne : Parfois, il avait du mal à ne pas se laisser emporter, et avoir un exemple humain sous les yeux était pour lui la meilleure façon de se comporter le plus normalement possible.

Gamine : Vous m'attrapez pas !

Ah oui ?
Presque instinctivement, le métamorphe avait bondit par dessus elle, avant de lui faire face, prêt à la bloquer.

Gamine : Mais euhhh, t'as pas l'droit de tricher !

Zut.
Maudite mollesse humaine !
Comme si elle souhaitait le faire participer de façon active, la petite fille avait passé la balle à Adam, qui devait à présent faire face à deux mutants, prêts à lui sauter dessus...

Après mûre réflexion, Adam s'était mit à courir, entraînant la balle avec lui. Et puis, certainement peu désireux de se voir " attaqué ", il avait renvoyé l'objet à la fillette, qui courait aussi vite que ses petites jambes le lui permettaient.
Malheureusement, à cause de son équilibre fragile, et de gravas qui jonchaient le sol, elle avait chuté, se cognant rudement la tête au passage, et égratignant sa peau à plusieurs endroits.
Inquiet, le métamorphe l'avait rejoint en deux bonds, avant de la ramasser doucement, et de la questionner :

- Ça va ?

L'enfant pleurait en silence, aussi, il l'avait serrée contre lui pour la réconforter.

- Attends, montres moi ça...

Après l'avoir assise sur une caisse en bois, le jeune homme avait entreprit de l'examiner. Rien de grave heureusement, mais il aurait aimé pouvoir désinfecter ses blessures...

Gamine : Est-ce que tu vas me mettre du rouge ?

Du rouge...
Elle devait sûrement parler de l'éosine, ce liquide rose que l'on appliquait sur les petits bobos des enfants pour les rassurer.

- Non, je suis désolé... je n'en ai pas.

Gamine : Les autres enfants, ils ont du rouge quand ils se font mal...

Cette phrase lui avait rappelé quelqu'un...

Flashback

Il se trouvait encore à l'orphelinat en ce temps là, et il venait de fêter ses cinq ans. Mais contrairement à ceux qui avaient la chance d'avoir une maison bien à eux, il ne recevait d'autre présent qu'une portion de dessert supplémentaire.
C'est pourquoi, avant d'aller se coucher, déçu, il avait murmuré, à l'intention de la directrice du centre :

- Les autres enfants, ils ont des jouets à leur anniversaire...

Flashback OFF

Elle n'était pas comme les autres enfants, mais comment lui expliquer ?
Elle le découvrirait tôt ou tard, mais il ne voulait pas être celui qui lui annoncerait que sa condition lui rendrait bon nombre de choses inaccessibles...

Adam : C'est pas du "rouge", mais ça va éviter que tes bobos s'infectent...

Le mutant avait été reconnaissant en voyant le scientifique sortir des pansements de sa poche, avant de les lui tendre.

Adam : Tu sais ce qu'on dit ? << ce qui ne nous tue pas, nous rend plus fort >>, et avec tous les bobos que tu t'es fait, tu vas devenir vraiment très forte.

Gamine : C'est vrai ?

Tandis qu'elle discutait, Aidan appliquait les pansements sur ses petites plaies, de façon un peu maladroite parce qu'il craignait de lui faire du mal, mais il y était tout de même parvenu.
Aussitôt après, l'enfant avait inspecté son travail, avant de reprendre la parole avec sa petite voix chantante :

Gamine : Je peux avoir un câlin magique ?

Le jeune homme avait acquiescé, avant de lui tendre les bras. Amusée, elle avait fait " non " de la tête :

Gamine : Non, je veux un GROS câlin !

Ah. Il savait ce que la petite attendait de lui, aussi, et comme leur " spectateur " était au courant qu'ils cachaient un lourd secret, il s'était transformé, et il l'avait laissée s'installer sur lui.

Gamine : T'avais raison monsieur, je suis très forte maintenant ! Regardes, même un gros lion ne peut plus bouger quand je l'attrape !

Assise entre les pattes avant de l'animal qui se prêtait au jeu, couché sur le dos, la fillette avait tout d'une grande dompteuse...